Un bond dans le passé...

Cargèse, la grecque. En 1676, une petite colonie de 600 grecques originaire du village de Vitylo, situé dans le Sud du Péloponnèse, sur la presqu’île du Magne, fuyant l’occupation turque, débarque à Capizzolu, une petite plage au nord d’Ajaccio (plage de l’actuel Cargèse). Ils s’établissent à Paomia, un lieu situé à 2 km de l’actuel village de Cargèse. La colonie arrive avec l’accord de la République de Gênes, la Corse étant génoise à ce moment.

Toutefois, ils furent mal accueillis par la population locale qui voit en eux des alliés de la République de Gênes. N’oublions pas que la Corse est au XVIIème siècle en proie à diverses attaques barbaresques, sous le joug de Gênes, les habitants ne voient donc pas d’un très bon œil les nouveaux arrivants et les accusent de vouloir s’enrichir sur leur terre. En 1732, alors que les tensions entre les Corses, en pleine révolte, et la République de Gênes s’accentuent, les grecs sont contraints de trouver refuge dans la tour d’Umigna, puis à Ajaccio. En 1768, la Corse est cédée à la France. En 1773, les grecs obtiennent du gouverneur français de l’île, le général Marbeuf, le territoire de Cargèse et y édifièrent 120 maisons. Ils commencèrent à y habiter en 1775, Marbeuf devient le marquis de Cargèse.

Le temps passé, les mariages mixtes entre Corses et grecques ont permis la pérennisation de cette population. Pour se fondre d’autant plus à la population, les noms grecques ont été « corsisés » (Stephanopoulos : Stefanopoli ; papadakis : Papadacci ; Dragatzkos : Dragacci, etc.).

À Cargèse, deux églises se font face : une grecque et une latine. Effectivement, les grecs ont pu conserver à travers les générations, leur rite byzantin et traditions orthodoxes. C’est en ce sens qu’ils édifièrent l’église de Saint-Spyridion au XIXème siècle. L’église lui faisant face n’est autre que l’église Sainte-Marie de l’Assomption, qui répond aux besoins de la population locale, elle suit un rite catholique latin. La particularité religieuse est que la communauté grecque orthodoxe de Cargèse s’est soumise à l’autorité du Vatican comme c’est le cas des catholiques, afin de faire prospérer leur culte en terre catholique. Les messes sont actuellement servies par le Père Tony qui tient les deux offices (grecque et latin) en alternance et en fonction des fêtes religieuses.

À savoir également sur Cargèse. En décembre 1942, le sous-marin Casabianca, débarque à Topiti, une crique de Cargèse. Le sous-marin, parti d’Alger, dans le cadre de la mission Pearl Harbour, permet l’arrivée sur l’île d’un commando venu établir le contact avec la résistance Corse et pour libérer le territoire de l’occupation. Sans possibilité de connaître les positions ennemies, ils débarquent par erreur à Topiti, au lieu de Chiuni, erreur qui leur permettra de couronner la mission de succès. Au cours de l’année 1943, des milliers de munitions et des radios sont acheminées par le sous-marin, et un solide réseau de résistants se créait. En octobre 1943, la Corse fut libérée de l’ennemi. Cette libération des Corses redonna espoir à plusieurs groupes régionaux français de résistants dans leur soutien au débarquement sur les plages de Normandie en juillet 1944.